Les terres agricoles profitent de la crise de l’urbanisation

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Le 29 mai 2015 – Myriam Chauvot journaliste – Les Echos.fr

La crise fait chuter le marché des terrains urbanisables.
Celui des terres agricoles vient de le dépasser en valeur.
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C’est la revanche des agriculteurs sur les lotisseurs. Avec la crise puis l’arrêt des aides publiques au locatif en rase campagne, la valeur des transactions annuelles sur les terrains destinés à l’urbanisation (pour des logements, mais aussi des équipements collectifs et des infrastructures) a plongé de plus de 30 % depuis son pic de 2007 pour passer l’an dernier à 3,4 milliards d’euros, soit moins, désormais, que le marché des terres agricoles (4 milliards d’euros), révèle le dernier bilan annuel du foncier rural dressé par la fédération nationale des Safer (Sociétés d’aménagement foncier et d’établissement rural).

L’an dernier, les transactions portant sur du foncier destiné à l’urbanisation ont reculé de 14 % en valeur, de 13 % en nombre et de 11 % en surfaces. De surcroît, il s’agit de la troisième année d’affilée de baisse. Sur tous les segments de ce marché, le nombre de transactions s’est effondré, même quand le prix au mètre carré a progressé. Ainsi, le prix des terrains constructibles de moins d’un hectare destinés aux particuliers a augmenté de 5,2 % l’an dernier pour retrouver son niveau de 2012, à 38,70 euros le mètre carré. Mais le nombre de transactions a encore chuté de 14 % en un an. Et depuis 2012, la surface moyenne a été ramenée de 2.000 à 1.900 mètres carrés.

Le foncier à urbaniser n’est pas le seul à souffrir, celui des maisons de campagne ne va guère mieux. Il a chuté de 42 % en valeur depuis son pic de 2007, pour tomber à 5,5 milliards d’euros. C’est 38 % du marché total du foncier rural l’an dernier (147,6 milliards d’euros), les maisons de campagne restent donc son principal segment. Mais un segment où le montant moyen de transaction a encore baissé de 2,5 % l’an dernier à 158.000 euros. Pour mémoire, il était de 179.100 euros en 2006-2007. Seule note positive, l’an dernier, le nombre des ventes de maisons de campagne a augmenté de 2 % (tout comme en 2013).

Les terres agricoles ont beaucoup mieux résisté à la crise. La valeur de ce segment du foncier rural n’a reculé que de 13 % depuis 2007 et a progressé de 3,5 % l’an dernier. En 2014, tous les signaux étaient au vert : comme en 2013, le prix à l’hectare des terres agricoles a encore augmenté (de 3 % à 4 %) tout comme le nombre de ventes (+ 2 %).

Gros potentiel de hausse

Le prix de la terre garde par ailleurs un gros potentiel de hausse, car si, au total, il s’est renchéri de 55 % entre 1996 et 2014, il s’était auparavant effondré de 56 % entre 1979 et 1990, puis à nouveau de 20 % les six années suivantes.

La solidité du marché des terres agricoles et la crise ont eu pour conséquence de décélérer l’étalement urbain, et donc le gaspillage de terres agricoles. Depuis 2008, les surfaces destinées à l’urbanisation ont été divisées par deux. Mais les Safer y voient essentiellement un effet temporaire de la crise et appréhendent la suite, car « l’Europe est déjà importatrice nette de produits agricoles pour l’équivalent de 20 % de sa surface agricole », rappelle Robert Levesque à la fédération. Il est au moins un type de terre à l’abri de l’extension urbaine : les vignes, qui se renchérissent continûment. La palme revient en 2014 à celles hors appellation d’origine protégée (AOP) avec + 5 % à l’hectare, mais il est vrai que depuis 1991, celui des AOP a déjà été multiplié par 2,4.

Source : Les Echos.fr – Myriam Chauvot – 29 mai 2015

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